Une page d’amour

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Titre : Une page d’amour

Auteur : Émile Zola

Éditions : Le Livre de Poche

Pages : 359

 

  • Résumé de la quatrième de couverture :

Cette Page d’amour, passion soudaine qui jette aux bras l’un de l’autre la belle et sage Hélène et le docteur Deberle, entracte dans une vie monotone et réglée, sera bientôt tournée et l’héroïne retrouvera son équilibre et sa solitude. Mais l’aventure aura fait une victime, la petite Jeanne, condamnée par l’égoïsme des grandes personnes.

  • Mon avis :

Huitième tome des Rougon-Macquart, Une page d’amour, tout comme Le Rêve qui paraitra plus tard, s’avère être un tome plus fragile, plus sensible par rapport aux autres. Il est telle une pause permettant de reprendre son souffle dans cette fresque mouvementée qu’est les Rougon-Macquart.

Veuve depuis peu, Hélène s’occupe seule de sa fille Jeanne avec qui elle partage une lien très fort, une fusion unique entre une mère et sa fille. La santé fragile de Jeanne pousse Hélène à se dévouer totalement à elle au point de mettre sa propre vie de côté. Mais le docteur Deberle, son voisin, la remarque en tant que femme et non mère. Hélène va alors être partagée entre son devoir de mère et l’amour qu’elle porte au docteur.

« Derrière les milliers d’étoiles, d’autres milliers d’étoiles apparaissaient, et cela sans cesse, dans la profondeur infinie du ciel. C’était un continuel épanouissement, une braise attisée de mondes brûlant du feu calme des pierreries. La voie lactée blanchissait déjà, développait ses atomes de soleil, si innombrables et si lointains qu’ils ne sont plus, à la rondeur du firmament, qu’une écharpe de lumière. »

Ce livre est une belle surprise laissant pourtant un goût amer en nous. Bien que la passion soit le thème principal de ce roman, elle prend deux formes bien différentes l’une de l’autre. D’un côté il s’agit de la passion entre une mère et sa fille, une relation maternelle fusionnelle qui semble indestructible, et de l’autre, la passion entre un homme et une femme qui devra trouver sa place au sein de la première. Ces passions sont animées par la fragilité de Jeanne qui tombe gravement malade quand elle se rend compte que sa mère est heureuse, et qu’elle n’en est pas la cause. Pour que Jeanne retrouve sa joie de vivre, le remède semble être le malheur de sa mère.

Venons-en au point central de cette œuvre : Jeanne, cette enfant capricieuse, extrêmement possessive, étouffante au point de devenir nocive. L’égoïsme présent n’est pas celui des adultes mais bien de cette petite fille qui se croit abandonner par sa mère lorsque celle-ci porte de l’intérêt à une autre personne. J’ai ressenti un profond malaise dans ma lecture provoqué par Jeanne. Elle ne m’a fait pas de peine à cause de sa santé, mais plutôt à cause de son comportement puéril et révoltant. Hélène et Henri sont touchants. Leur relation aussi belle et douce soit-elle, est, malgré les difficultés créées par Jeanne, relativement légère et apaisante. J’ai beaucoup aimé ces deux personnages simples qui veulent vivre leur passion jusqu’au bout.

« Vous vous sentez parfaitement heureuse, je le comprends. Seulement, sur cette pente de la solitude et de la rêverie, on ne sait jamais où l’on va… Oh ! je vous connais, vous êtes incapable de mal faire… Mais vous pourriez y perdre tôt ou tard votre tranquillité. un matin, il ne serait plus temps, la place que vous laissez vide autour de vous et en vous, se trouverait occupée par quelque sentiment douloureux et inavouable. »

Il était aisé de se perdre dans les passages où l’on retrouve les deux amants. Zola met beaucoup de force dans ce texte bien qu’il soit plutôt reposant, c’est certainement parce qu’il a choisi de décrire l’amour avec légèreté et d’une façon singulière. De la passion se dégage une certaine puissance.

Un tome certes plus léger que les autres, mais qui reste toutefois quelque peu cruel à cause de la possession maladive d’une petite fille ayant beaucoup d’emprise sur sa mère. Bien qu’il ne s’agisse que d’une page d’amour, Zola retrace la passion sous son plus beau jour.

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