Amok suivi de Lettre d’une inconnue, La Ruelle au clair de lune

Amok

Titre : Amok ou le Fou de Malaisie suivi de Lettre d’une inconnue et La Ruelle au clair de lune

Auteur : Stefan Zweig

Editions : Le Livre de Poche

Pages : 190

 

* Résumé de la quatrième de couverture :

La passion en ce qu’elle a d’irrésistible et de semblable à la folie : c’est le thème central de ces trois récits publiés en 1922 par le grand écrivain autrichien, auteur du Joueur d’échecs et de La Confusion des sentiments.

L’amok, en Malaisie, est celui qui, pris de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu’on puisse rien faire pour le sauver. Le narrateur rencontre sur un paquebot un malheureux en proie à cette forme mystérieuse de démence. Histoire encore d’une folie, d’une passion – d’un amour fou, cette fois – que la Lettre d’une inconnue reçue par un romancier à succès. Mais la passion peut faire de l’homme dominateur et méprisant un être humilié et ridiculisé : c’est le thème du troisième de ces récits, La Ruelle au clair de lune.

 

* Mon avis :

Stefan Zweig est un auteur dont la bibliographie m’intéresse puisqu’il reste un mystère pour moi, outre les deux œuvres citées précédemment. Dans cet ouvrage, c’est surtout la deuxième nouvelle qui m’intéressait et qui, sur les trois, m’a le plus plu.

La première nouvelle, Amok, n’est pas inintéressante, loin de là. Cette nouvelle est caractérisée comme étant une sorte de confession faite au narrateur. Comme les deux autres nouvelles, Zweig fait ici une mise en abyme, où il nous plonge dans le colonialisme et dans une forme de folie fort étrange. J’ai eu un peu de mal à suivre l’histoire du docteur qui raconte sa rencontre avec une femme et l’évènement qui a changé sa vie.

« Seule la passion qui trouve son abîme

Sait embraser ton être jusqu’au fond ;

Seul qui se perd entier est donné à lui-même.

Alors, prends feu ! seulement si tu t’enflammes,

Tu connaîtras le monde au plus profond de toi !

Car au lieu seul où agit le secret, commence aussi la vie. »

La troisième nouvelle, La Ruelle au clair de lune, se rapproche d’Amok pour sa noirceur, même si celle-ci est bien plus complexe. L’homme, dominateur au possible et à l’exagération la plus poussée, ne l’est guère longtemps à cause d’un renversement de situation qui le rend ridicule au profit de la femme qui gagne de la puissance.

Quant à Lettre d’une inconnue, elle est celle que j’ai préféré, peut-être parce que le narrateur est une femme donc il m’était plus simple de m’identifier à elle. Cette nouvelle est perturbante et est l’une des plus belles de Zweig. Bien que la passion amoureuse soit un thème récurrent dans ses œuvres, elle est incroyablement bien représentée ici.

« C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort, comme une esclave, comme un chien, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis toujours restée. […] Mais moi, je n’avais personne à qui me confier, je n’avais personne pour m’instruire et m’avertir, j’étais inexpérimentée et ignorante. »

La plume de Zweig n’est aucunement complexe. Elle dégage une justesse unique et une certaine sensibilité qui se retrouve pleinement dans Lettre d’une inconnue, où son écriture a un fort aspect féminin.

Je ne conseillerai pas de commencer la lecture de Zweig par ce recueil parce que je ne pense pas qu’il s’agisse de son œuvre la plus aboutie, ou alors commencez par la deuxième nouvelle qui vaut plus le détour que les deux autres.

5 réflexions au sujet de « Amok suivi de Lettre d’une inconnue, La Ruelle au clair de lune »

  1. Eden (l'âme des mots)

    Tu ne peux pas savoir à quel point j’aime Zweig ! C’est une tempête d’émotions que de lire ces oeuvres à chaque fois, alors que les  »économise » en quelque sorte.
    Mon préféré reste à ce jour  »24 heures de la vie d’une femme », même si j’ai beaucoup beaucoup aimé  »Lettre d’une inconnue ». L’anaphore est violente, marquante presque traumatisante.
    Amok est ma prochaine lecture, et j’aurais aimé voir l »adaptation théâtrale de Alexis Moncorgé qui a l’air extraordinaire !
    J’ai moins aimé Le Joueur d’Echecs, mais la biographie de Marie Antoinette est passionnante !
    Zweig possède des talents de biographe époustouflants. il est rigoureux mais ne se prive pas de donner son avis sur certains évènements. on a pratiquement l’impression de lire un roman tant le style est captivant ( que d’adjectifs en -ant aujourd’hui !)
    Bref, bonne continuation dans la découverte de l’univers de Zweig !

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