Le Roi serpent

12 juin 2019,

Le Roi serpent, Jeff Zentner.
Pocket Jeunesse – 399 pages

Dill ne nourrit aucun espoir quant à sa vie future : après la fin du lycée, il travaillera – c’est sûr – à temps plein dans le supermarché du coin pour subvenir aux besoins des siens. Lydia, sa meilleure amie, s’envolera pour New York et l’oubliera vite.
Il s’interdit de s’imaginer un avenir meilleur, car le sort semble s’acharner sur sa famille, où deuils et scandales se succèdent. Dill chercher même à étouffer la petite étincelle d’espoir allumée par Lydia. Mais, petit à petit, la vie reprend ses droits et le jeune homme se laisse tenter par le rêve d’une vie plus belle, ailleurs.
Son destin sinueux lui prouvera que les nouveaux départs sont possibles et qu’ils sont aussi synonymes de fin. Car, pour muer et enfin se trouver, il faut accepter bien des sacrifices…

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Ce livre est d’abord passé inaperçu. En voyant son titre et sa couverture, j’ai cru qu’il s’agissait  juste d’un nouveau récit dystopique. Je ne pensais pas le livre mais on me l’a mis entre les mains en me disant qu’il était incroyable. Je l’ai lu. 

Dill, Lydia et Travis sont trois adolescents qui tentent de survivre durant leur dernière année de lycée avant de se lancer dans la grande vie. Survivre est bien le mot puisque leur quotidien respectif est un enfer. Ils n’appartiennent pas à la norme des adolescents avec leurs problèmes et se battent chaque jour, ensemble. Une amitié hors du commun dans un récit à couper le souffle.

Il existe de nombreuses, bien trop nombreuses histoires sur l’adolescence, les soucis causés à cet âge-là, mais il n’existait pas de livre sur l’adolescence comme en parle Le Roi serpent. Lydia, fille unique d’une famille aisée, a un blog sur lequel elle publie des articles sur la mode et sur la vie des adolescentes. Son rêve est d’intégrer une des plus grandes universités des États-Unis afin de continuer sur la voie de la mode. Sa vie est donc à l’opposé de celle de ses deux meilleurs amis Travis et Dill. Travis a un père alcoolique qui se moque de sa passion pour la lecture et l’univers fantastique, qui se moque de son physique, et qui pense que l’humilier est certainement la seule chose qu’il mérite. Quant à Dill, sa mère est persuadée que son père, ancien pasteur, est en prison à cause de lui pour avoir télécharger des images pornographiques sur l’ordinateur de son géniteur. Trois vies bien distinctes et pourtant nos trois personnages se sont trouvés afin de surmonter ensemble l’enfer dans lequel ils vivent. 

« Et quitte à vivre, autant accomplir des choses douloureuses, courageuses et belles. »

En dehors de l’aspect descriptif et profond des personnages, les sujets abordés sont assez rare dans la littérature jeunesse, notamment la religion. Cette dernière est très présente dans ce roman mais elle est détournée par une certaine ironie ce qui permet de ne pas tomber dans le catholicisme pur et dur. La mort est aussi évoquée ainsi que le suicide, la dépression, la perte de l’espoir, l’argent et tous les maux que cela entraîne, mais aussi la vie, le bonheur, la famille, l’amitié. 

L’adolescence est ce moment où nous nous posons beaucoup de questions sur nous, notre avenir, nos choix et les conséquences qu’ils peuvent causer. Jeff Zentner a merveilleusement bien montré cela sans jamais tomber dans le pathos. La douleur de nos héros, on la ressent aussi ce qui est vraiment troublant. Ces personnages sont justes et vivants, et ce récit est fort en émotions. C’est une belle histoire sur l’amitié qui nous est livrée ici et certainement sur la vie aussi.

Le Roi serpent est un roman qui fait un bien incroyable. Sa justesse est réelle et perturbante. Dire que j’ai failli passer à côté de cette lecture. 

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