Une sirène à Paris

5 mars 2019,

Une sirène à Paris, Mathias Malzieu.
Albin Michel – 238 pages

Nous sommes en juin 2016, la Seine est en crue. De nombreuses disparitions sont signalées sur les quais. Attiré par un chant aussi étrange que beau, Gaspard Snow découvre le corps d’une sirène blessée, inanimée sous un pont de Paris.
Il décide de la ramener chez lui pour la soigner, mais tout ne se passe pas comme prévu. La sirène explique à Gaspard que les hommes qui entendent sa voix tombent si intensément amoureux d’elle qu’ils en meurent tous en moins de trois jours. Quant à elle, il lui sera impossible de survivre longtemps loin de son élément naturel… 

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L’annonce d’un nouveau titre de Mathias Malzieu entraîne toujours une excitation attendue. Je me demande toujours dans quel univers merveilleux va-t-il nous transporter. D’avance, je sais que la plume poétique de l’artiste sera au rendez-vous. Mais Une sirène à Paris est une nouvelle fois une tendre surprise bien vite devenue un coup de cœur.

Sur les bords de la Seine, Gaspard Snow découvre le corps d’une sirène. L’étonnement passé, il décide de ramener la créature dans sa salle de bain afin de la soigner. Cependant, il va de soi qu’une sirène ne peut faire bon ménage dans un logement aussi étroit. Comme tout bon surprisier, Gaspard n’est pas au bout de ses surprises.

La sirène se fait si rare dans la littérature contemporaine. Et pourtant, cette créature est le cœur de ce conte merveilleux. Comme le mythe le veut, à l’écoute du son de sa voix, les hommes tombent irrémédiablement amoureux d’elle. Un charme bien mortel, excepté pour Gaspard, persuadé de rester insensible à la belle Lula. Son immunité lui permet de s’occuper au mieux de cette dernière qui apprend à vivre avec un humain. De suite l’intrigue de l’histoire devient évidente : le héros sauve la pauvre créature, la soigne et la libère. Fin. Toutefois, l’auteur laisse courir son imagination et l’histoire est bien plus que cela. À la lecture, j’ai eu le sentiment d’être aux côtés des deux protagonistes, de les voir évoluer, apprendre à se connaître, se tester et puis nouer un lien profond. 

« Surprisiers : ceux dont l’imagination est si puissante qu’elle peut changer le monde – du moins le leur, ce qui constitue un excellent début. »

Gaspard est le héros idéal. Blessé par une précédente relation amoureuse, il est persuadé que la vie n’a plus rien à lui apporter, outre le Flowerburger, son cabaret dissimulé au fond de la coque de la péniche de sa grand-mère, dont il a hérité. Personnage fantastique, Gaspard est quelque peu naïf et idéaliste. À l’instar de Lula qui est loin d’incarner la petite sirène enfantine. Elle est monstrueuse, destructrice mais trouve une part d’humanité en elle grâce à Gaspard et au lien qu’ils ont créé. Je tiens à saluer Rossy, la voisine un peu trop curieuse de Gaspard qui apporte la touche de lumière et d’humour de ce roman. 

Comme les autres œuvres de l’auteur, la lecture est ici un moment privilégié. Mathias Malzieu surprend avec sa mélancolie tendrement mêlée à la poésie. Toute la beauté de l’écriture est présente avec cet art des figures de style mais surtout cette mélodie qui lie les mots entre eux. 

Un coup de cœur surgit toujours dès les premières pages. Peut-être ai-je un peu de sang de surprisier en moi pour avoir autant apprécié ce roman. Une sirène à Paris est un conte mystérieux et incroyablement beau. 

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