La Salle de bal

1er août 2019,

La Salle de bal, Anna Hope.
Folio – 438 pages

Lors de l’hiver 1911, Ella Fay est internée à l’asile de Sharston, dans le Yorkshire, pour avoir brisé une vitre de la filature où elle travaillait depuis l’enfance. Révoltée puis résignée, elle participe chaque vendredi au bal des pensionnaires, unique moment où hommes et femmes sont réunis. Elle y rencontre John, un Irlandais mélancolique. Tous deux dansent, toujours plus fébriles et plus épris. À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades, dont les conséquences pourraient être désastreuses pour Ella et John.

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J’ai entendu parler de La Salle de bal, de ce texte qui paraît-il était si beau. Avec un titre aussi attirant et une quatrième de couverture aussi tentante, je me suis lancée dans cette lecture avec un empressement, une envie de connaître cette histoire sans en perdre un mot.

Ella Fay, internée dans un asile, prend part chaque vendredi au bal des pensionnaires. Au cours d’une de ces soirées dans cette étonnante salle de l’asile, elle fait la rencontre de John. Ils s’éprennent l’un de l’autre au cours de diverses danses alors que le docteur Fuller, chef d’orchestre, a pour ambition de guérir les malades…

Le roman débute sur une confusion : pourquoi Ella se retrouve-t-elle dans cet asile ? Nous le découvrons au fil des pages en entrant dans l’asile de Sharston, avec une certaine réticence, et avec des pensionnaires, malades et attachants, chacun à leur façon. Chaque vendredi soir, la monotonie laisse place à un moment récréatif durant le bal qui réunit les hommes et les femmes de l’asile, habituellement séparés. Ainsi nous découvrons de nouveaux visages et parmi eux, celui de John. L’histoire naissante entre John et Ella est belle et délicate. Animée par l’attente des vendredis et par des lettres brèves qu’ils s’échangent, ils vivent leur histoire d’amour, enfermés et  privés de libertés. Cependant, derrière cette douce romance se cache la sombre ambition du docteur Fuller, qui veut guérir, c’est-à-dire contrôler, rendre définitivement fous (ou légumes) les patients de l’asile. Ce roman est une fiction qui est néanmoins basée sur des faits, certes modifiés, mais réels. Cette salle de bal est la seule lueur d’espoir de l’asile pour les pensionnaires.

« Qui était-il pour être heureux ? Cet…homme ? Ce n’était même pas un homme. Il n’était guère plus qu’une bête des champs.
Et la fille…cette chose. » 

Divers sont les personnages, j’ai été surprise de m’attacher aussi vite aux deux protagonistes et à leur histoire. Ella est avant tout perdue et est vulnérable dans cet environnement qu’elle ne connaît pas. Je l’ai appréciée pour sa naïveté qui la sauve. Le mélancolique John est aussi touchant. Ensemble, ils sont une évidence. Mais Fuller est là, aussi horrible qu’un être humain se sentant supérieur à un autre peut l’être. Il dupe le lecteur jusqu’au bout avec son souhait de possession humaine.

Anna Hope nous conduit dans un véritable tourbillon d’émotions rythmé par la cadence du bal et des mots. En lisant ce roman, j’ai découvert une incroyable auteure avec le regret de ne pas l’avoir lue plus tôt. Son écriture est sans artifice, à la fois simple et vraie, à l’image des protagonistes.

La Salle de bal est un coup de cœur et j’en suis ravie. J’ai aimé la beauté du texte, l’histoire d’Ella et de John, il y a quelque chose d’hypnotique qui s’en dégage. 

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